Visite guidée

Puisque son amoureuse avait émis le souhait de se rendre à la fauconnerie, Pygaer s'empressa de la satisfaire, d'une part pour tenter de résorber le rouge qui lui était monté au visage et d'autre part, parce qu'il aimait cet endroit où il avait passé de nombreuses heures auparavant

Offrant, une fois n'est pas coutume, son bras à Lisa afin qu'elle y glisse le sien, ils se dirigèrent lentement vers la fauconnerie, se jetant de temps en temps un regard complice non plus inquisiteur mais plutôt un regard où se mêlaient la joie d'être ensemble et le bonheur d'être l'un près de l'autre. La chaleur du corps souple de Lisa se répandant à travers son bras, Pygaer eut plusieurs fois toutes les peines du monde à rester impassible. Cependant,  il s'était promis et lui avait promis de rester de marbre - autant que possible - et il avait bien l'intention de garder sa promesse aussi longtemps que possible. Il dut néanmoins faire de sérieux efforts pour rester maitre de lui-même. Ils déambulèrent ainsi pendant quelques instants, profitant d'un soleil généreux et d'une brise complice s'évertuant à se glissant dans la longue chevelure de Lisa...ce qui la rendait, si possible, encore plus belle

Au tournant d'un nouveau parterre de fleurs, ils firent face à la volière des oiseaux que plusieurs valets se chargeaient de garder propres. En les voyant arriver, ils s'arrêtèrent, se courbant à leur passage et se relevant ensuite avec un grand sourire sur les lèvres....Le service secret du domaine - service présidé par nulle autre que Juliette - avait déjà répandu la nouvelle...Le comte Pygaer était amoureux et la jeune femme était sublime.

Pygaer s'était évidemment douté que la nouvelle ferait très rapidement le tour du domaine mais, loin d'être courroucé par l'action de Juliette, il en tirait plutôt une énorme fierté car il pouvait ainsi montrer au vu et au su de ses gens que la jeune femme qu'il courtisait était d'une beauté rare et exceptionnelle et que leur amour transpirait sur leurs visages

Marchant encore pendant quelques instants, Pygaer et sa compagne s'arrêtèrent finalement à l'entrée de la Vénerie, instant dont profita notre Pygaer pour embrasser sa future épouse - même s'il ne s'était pas encore ouvertement déclaré à elle - sur la joue. Il lui dit ensuite d'une voix où se mêlaient tendresse et passion

"Nous y voilà ma Lisa, ceci est notre volière. Comme tu le vois, elle est subdivisée en trois sections: les rapaces diurnes, les nocturnes et les exotiques. Si tu le désires, tu pourras loger dès demain ton faucon dans la première section. Je te fais le serment qu'il sera bien traité et qu'il ne manquera de rien, fois de moi"

Tout en disant ces mots, il s'était permis de se placer face à elle, caressant ses cheveux d'une main et serrant doucement la dextre de Lisa dans la sienne. Il laissait ses yeux profiter au maximum de la beauté de la jeune femme, frôlant ensuite son doux visage du revers de la main.

"Mon Dieu ma mie que vous êtes belle, que votre peau est douce, aussi douce que la peau d'une pêche qui vient de se faire cueillir au moment opportun" dit-il dans un soupir. "Vos cheveux sont d'un soyeux incroyable à tel point que la plus fine des soies des Flandres semblerait plutôt rêche au toucher..."

Il ne put résister davantage...doucement il baissa son visage vers celui de Lisa et l'embrassa tendrement, posant ses lèvres légèrement entrouvertes sur celles de Lisa, mordillant doucement la lèvre inférieure du bout des dents...S'il ne s'était retenu à cet instant, il aurait encore poussé plus avant son baiser, il aurait pris possession de ces lèvres pulpeuses, de cette bouche qui l'attirait et qui le consumait.  Une nouvelle fois cependant, la crainte de raviver en elle des souvenirs à oublier, il se força a rompre ce baiser qu'il aurait tant voulu poursuivre...L'esprit ailleurs, le regard légèrement troublé par la présence de son amoureuse, le cœur battant à tout rompre, les seules paroles qu'il arriva à dire à ce moment-là, furent

"Je vous aime...je t'aime Lisa, je t'aimerai jusqu'à la fin des temps..."

Aussitôt son souhait émis les voila partis à la fauconnerie. Ses yeux s'émerveillaient de tant de beauté, tant dans l'installation des rapaces que celle des oiseaux au regard si rond et particulier.
Comme elle les enviait quand les voyait voler si haut , contemplant le monde d'un point de vue incomparable , le rêve d'Icar qu'elle aurait aimer s'approprier. Parfois quand elle montait dans ses montagnes et qu'elle grimpait à l'assaut d'un pic où ses bouquetins gambadaient avec aise, elle regardait le monde de plus haut et se prenait à rêver ... jusqu'au moment où elle s'imaginait faire la chute ... mais il y a eu des moments dans sa vie où elle aurait tant aimer pouvoir s'évader ainsi , comme les oiseaux, se laisser porter par le vent ...
Aujourd'hui si elle les trouvait toujours aussi beau et chanceux, elle ne rêvait plus d'être à leur place. Elle avait trouvé la sienne. Et celle ci était dans les bras de son barbu si tendre et attentionné et si ... envoutant quand il retenait sa passion mais faisait naitre au creux de ses reins l'envie de lui.
C'est ainsi qu'elle se retrouva à nouveau chancelante entre ses bras alors qu'il instillait le désir d'un baiser plein de promesse pour rompre, avec douceur certes, l'enchantement des sens.
Le corps était plus prompt à réagir que l'esprit, et celui ci réclamait sa présence quand la retenue était toujours de mise dans sa tête.
Foutue crainte!

Mais comment ne pas fondre à l'écoute de telle déclaration .. et de répondre la voix chevrotante d'émotion elle aussi

Je vous aime tellement moi aussi mon Amour.

A nouveau elle se blottit contre lui , pour sentir sa force, pour s'enivrer de son odeur, pour s'assurer qu'elle ne rêve pas et qu'il est bien là. Elle reste ainsi un instant, savourant sa chance de l'avoir rencontré avant de se détacher de lui à nouveau mais gardant un bras autour de sa taille pour ne pas rompre le contact.

Tentant de reprendre le cours de la visite elle reprends la discussion

Je suis certaine que Millénium se trouvera fort bien ici! Elle lève les yeux vers lui en souriant. Pensez vous que nous pourrons aller à la chasse ensemble un de ces jours? ce n'est pas tant le gibier qui m’intéresse mais le voir voler si haut! piquer si vite, le faire travailler ... je suis toujours épatée qu'un tel animal prenne la peine de m'écouter. Ce lien qui existe entre lui et moi me surprends toujours.

Une fois de plus peu sur d'elle, elle était réellement étonnée d'un tel phénomène et n'imaginait pas qu'elle puisse être douée ou simplement suffisamment attentionnée pour que l'animal soit simplement heureux de faire plaisir à sa maitresse avec qui il partageait les joies de la chasse.

Y a t'il un de ces animaux qui a votre préférence ? demanda t'elle intéressée tout en se rapprochant d'un couple de Grand Duc dont elle avait reconnu les espèces de sourcils huppés et qu'elle trouva magnifique.

Regardez! on dirait nous ... elle rit doucement en se tournant vers Pygaer. Lui, grand, fier, fort, elle, plus petite, l'air fragile à coté du mâle .. le regard est pétillant et malicieux en le regardant.

Il écoutait sa compagne parler de son animal comme s'il s'agissait d'une partie de soi-même.. Il connaissait bien ce sentiment pour avoir souvent chassé avec son faucon fétiche décédé il y a peu à un âge respectable pour un tel animal. Souvent, il était sorti seul à l'aube, Drago perché sur le pommeau de sa selle, la tête encapuchonnée, tournant sa tête vers chaque bruit inconnu. Il avait admiré la finesse de l'animal en plein vol, avait tenté de suivre du regard le vol de l'animal qui avait à chaque fois tôt fait de disparaitre dans l'azur, il avait à chaque fois ressenti l'excitation de l'animal lorsque celui-si se laissait tomber telle une pierre vers le sol, fonçant sur sa proie et lançant son cri au dernier instant juste avant d'enfoncer ses serres dans le corps de l'un ou l'autre nuisible. Il était à chaque fois émerveillé qu'un simple coup de langue de sa part ramenait invariablement l'animal vers lui. Ohh que oui, il avait ressenti cet émoi à moults reprises

Lorsque Lisa lui demanda s'il y avait un animal qui emportait sa préférence, il lui dit:

"Ma foi ma chérie, je n'ai pas vraiment de préférence sauf peut-être un léger penchant supplémentaire pour l'harfang des neiges que vous voyez ici" lui dit-il en désignant un énorme animal perché sur une haute branche et qui ne cessait de les regarder d'un air endormi

Regardez! on dirait nous. Il y avait de l'amusement dans la voix de Lisa et cela fit sourire Pygaer alors que la jeune femme lui désignait un couple de Grands Ducs Lui, grand, fier, fort, elle, plus petite, l'air fragile à coté du mâle poursuivit-elle en lui lançant un de ses regards dont seule Lisa avait le monople

"En effet, ma douce, cela nous ressemble un peu. Mais regardez comment le mâle nous observe depuis qu'il sent notre regard sur lui et sa femelle. Regardez comme il se rapproche d'elle pour la soutirer à nos regards. Je vous parie mille écus que celui qui tenterait de tendre la main se verrait octroyer un méchant coup de bec...Et regardez comment la femelle accepte cette défense sans broncher, se sachant en parfaite sécurité lorsqu'il est près d'elle dit-il en s'enthousiasmant un peu plus à chaque fois qu'il parlait. En même temps, il se rapprochait de plus en plus de Lisa, la serrant contre lui, imitant sans le vouloir les gestes de l'animal.

Réalisant tout à coup ses gestes, il se mit à rire, déposant un léger baiser sur le front puis sur les lèvres de sa compagne et lui dit

"En effet, on dirait vraiment nous, voila que je me prends à imiter Maître Hibou Grand-Duc...Il faut dire que comme lui, j'adore ma compagne et que je voudrais rester éternellement à ses côtés..

Elle rit avec lui et se presse instinctivement contre lui, appréciant elle aussi la force de son homme, de son amoureux. Il était tellement rassurant avec elle depuis son arrivée, il lui semblait tellement fort, comment ne pas apprécier ces bras protecteurs ..

Spontanément, elle passe ses bras autour de son cou, se laissant aller à un entrain qu'il lui avait communiqué , elle l'embrasse de façon un peu plus appuyé que les baisers qu'elle avait concédé jusque là.
Puis soudain réalisant que peut être elle se laissait un peu trop aller , elle laissa retomber ses bras, l'air confus , rouge comme une pivoine.

Je ... euh .. hum .. Puis sans oser le regarder , se tourne à nouveau vers le couple d'oiseaux. Ont ils des petits noms? demande t'elle d'un ton qui se voulait dégagé , genre "tout va bien, je vais bien, tout est normal" et en se disant interieurement : pfffiou ce qu'il fait chaud d'un coup!

Boum

Quand notre coeur fait Boum

Tout avec lui dit Boum 

Et c'est l'amour qui s'éveille.

Boum
 Il chante "love in bloom"

Au rythme de ce Boum

Qui redit Boum à l'oreille

En fait il ne fait plus Boum mais badaboum!
Serrée ainsi tout contre lui , comment ne pas en être toute chamboulée? d’autant qu’elle avait encore les jambes tremblantes de l’émoi précédent … Sa voix chaude au creux de son oreille la faisait frissonner tout autant cette proximité. Envoutée par le ton de la voix elle m’y un quart de seconde, au moins!,  à réaliser ce qu’il disait

… Vous .. me les offrez?!? Les yeux grands ouvert de surprise plongés dans le sien , elle en bondirait de joie comme une enfant si ce n’est ses deux grands bras fort qui la maintenaient tout contre lui.

Pour de vrai??? Elle passe ses mains sur sa barbe et attire son visage au sien pour l’embrasser à nouveau, d’un baiser sonore, énergique et plein d’entrain, le trouble replacé par la joie. Avant de prendre un air sérieux

Je ne peux pas accepter ! Et de prendre un air un peu tristounet. Ces oiseaux valent une fortune! et vous m’avez déjà offert tant de choses , je ne peux pas accepter… je n’ai rien à vous offrir moi!

Il était si généreux avec elle, dans son attitude, dans ses gestes et avec tous ces présents. Que pouvez elle lui offrir elle. Si elle n’était pas pauvre grâce aux revenus de sa ferme au bouquetin, elle n’avait guère de fortune qui pouvait lui permettre tant de folies.
Puis elle lui sourit à nouveau

Mais je peux leur trouver un nom! Roméo et Juliette .. non, l’histoire se finie mal , Lisa et Pygou.. non, ils sont uniques eux l! Lui lance un regard pétillant.  Je vais y songer … et je vous le dirais dès que j’ai trouvé. D’accord ?

Sans vraiment attendre de réponse, elle appuie sa joue sur son torse en soupirant d’aise.
Par Aristote qu’elle était bien dans ses bras.

.. Lorsque nous serons mariés ..
Elle ne retint que ces quelques mots , être liée à lui pour l'éternité, ne plus avoir peur du lendemain car il sera là pour la protéger, ne faire qu'un avec lui
Cette visite pleine de promesse devenait le moment le plus heureux qu'elle n'ai jamais vécu. Elle sourit tellement, tout le temps , de cette joie qu'il lui fait vivre, de ce bonheur qu'il lui offre qu'elle a l'impression que sa machoire ne pourra plus jamais faire autrement que ce sourire.
Il la fait voler un instant, confirmation de son état de plénitude, elle a l'impression quand elle est à ses cotés d'être constamment en lévitation. Le monde est devenu coton et il est si bon d'y évoluer soudain.
Finie les peurs et les angoisses quand il est là.
Elle soupire de plaisir après avoir partagé ce baiser un peu plus appuyé que les précédents.

Elle lui réponds en le regardant dans les yeux.

J'irais partout tant que c'est avec vous.... mais je vous avoue que je préfère voir les animaux dans leur habitat naturel ou alors en ragout dans mon assiette ...

Elle avait toujours été gourmande de bonne chaire et ne boudait pas son plaisir pour un ragout de lièvre aux herbes même si elle trouvait le lapin si mignon. Ou un cuisseau de biche à la broche ... et pourtant à les voir dans les bois quand parfois elle avait la chance d'en croiser pendant ses promenades ou sa propre chasse aux petits animaux , elle les trouvait magnifique et si majestueux.

Elle le regarde et poursuit

Vous n'auriez pas une salle d'armes ? il faudra m'apprendre à me battre à l'épée. Je me débrouille bien avec un arc mais une épée ... je suis une catastrophe ! Elle papillonne un peu des yeux en le regardant, vous m'apprendrez ? Et un stand de tir pour m'entrainer à l'arc ? y en a t'il un?

Elle avait pris ses mains dans les siennes pour les serrer un peu, garder ce contact qui lui devenait essentiel, pour se rassurer aussi et se dire que tout ceci n'était pas qu'un rêve, un merveilleux rêve.

L'air un peu ennuyée , elle le regarde presque timidement avant de se lancer.

Je dois avouer que cette première journée ici a été riche en émotion ... elle lui sourit, heureuse, Pensez vous que votre gouvernante a pu faire préparer ce bain et que je puisse me reposer un peu avant le diner ?

A vrai dire elle ne savait plus trop où elle avait envie d'aller, tant d'émotions et de découverte du lieu, de lui et finalement d'elle même qu'elle avait besoin d'un peu de calme pour retrouver ses esprits. Réaliser que tout cela n'était pas un rêve. Qu'il était bien là et qu'elle allait dormir dans cette chambre qu'il lui avait fait préparer rien que pour elle.

Pensez vous que votre gouvernante a pu faire préparer ce bain et que je puisse me reposer un peu avant le diner?

Cette phrase surprit Pygaer. Jetant un coup d'oeil autour de lui, il se rendit compte que la journée était bien avancée, à tel point que le ciel commençait tout doucement à revêtir les couleurs de la nuit. Vers l'ouest, l'astre lumineux qui avait inondé le domaine de ses rayons était sur la pente descendante et sa lumière brillante commençait tout doucement à rougeoyer

Glissant son bras sous celui de Lisa, il lui sourit tendrement:

"Ma foi, connaissant Juliette, ce bain n'attend plus que votre présence. Vu la chaleur qu'il a fait aujourd'hui je gage qu'elle ne l'aura fait ni trop chaud ni trop froid".

Le contact du bras sur le sien l'électrisa. Un instant, il eut envie de lui dire: "ça ne me gênerait pas de vous rejoindre... mais il se reprit. Toujours en souriant, ils se mirent en route vers l'entrée principale où Juliette les attendait devant la porte.

En les apercevant, elle s'inclina doucement, de peur de tomber vers l'avant. Reprenant tant bien que mal son équilibre, elle dit, après avoir vainement tenté de faire une révérence

"Scusez-moi, Master Pyg et Dame, juste pour vous dire que le bain de la maitresse est prêt. Comme j'savions point où que la dame elle voulait se baigner, j'a préparé le bain a votre étage Master. Je pensions que c'était le meilleur endroit, la dame sera tranquille dans votre aile privée non ?" dit-elle, leur décochant un sourire où pointaient les quelques rares dents qui lui restaient. C'est que le fait de goûter laisse des traces tant au niveau de la bouche que de l’embonpoint. Elle poursuivit son discours non point en s'adressant à Pygaer mais à Lisa:

"M'dame, j'ai cru bien faire en mettant des pétales de rose dans l'eau, spa... Ché bien que les jeun dames comme vous aiment sentir bon.. Mon master m'a dit que vous resteriez avé nous...De ma part et de la part du personnel ainsi que de la part de mon coquin de mari, j'vous souhaite la bienvenue et espère que vous resterez longtemps avé nous. Mon master a l'air heureux de vot' présence en tout cas et s'il est heureux je le suis ossi" dit-elle de sa voix cassée. Elle était comme ça Juliette, franche et directe avec tout le monde et rien ni personne ne la changerait. Elle poursuivit son discours.

"j'suppose que vous n'avez point besoin d'aide pour vous baigner spa...Nous n'avons point le droit de rester dans l'aile privée du Master sauf pour vaquer aux tâches pis pour disparaitre, vous ne serez donc pas dérangée rajouta-t-elle dans un souffle. Puis elle poursuivit: "Pour le dinai Maitresse que désirez-vous comme menu...?" dit-elle en attendant la réponse.

Tout en tenant le bras de Lisa, Pygaer se dit qu'il venait d'assister à un événement non point historique mais tout de même assez rare. Il pouvait compter sur le bout des doigts le nombre de fois que Juliette avait tenu discours aussi long. Partant d'un grand rire, il répondit:

"Merci pour tout Juliette, c'est parfait comme toujours" dit-il en tentant de reprendre son souffle. Se tournant ensuite vers Lisa, il lui dit: "Hé bien ma chérie, vous voila adoptée par l'ensemble de notre personnel du coup vous êtes confrontée à votre première tâche: dites-nous donc ce dont vous avez envie pour le dîner ma tendresse, sinon Juliette risque de faire une crise d'apoplexie" dit-il en repartant dans un grand rire. Dire que Pygaer était heureux à ce moment-là eut été un euphémisme... Il poursuivit: "Je vais quant à moi donner les ordres pour la préparation de votre chambre. Nous nous reverrons donc un peu plus tard si vous le désirez bien sûr. Je vais également donner les ordres pour que Thorwald se charge d'aller chercher tout ce dont vous avez besoin pour votre séjour ici. Il vous suffira de donner l'adresse à Juliette qui se fera un plaisir d'envoyer son homme quérir dès demain tout ce qui vous sera utile." Baissant la tête,il en profita pour murmurer à l'oreille de Lisa "Pour ma part, j'espère que votre séjour ici se prolongera longtemps, très longtemps, tellement longtemps que vous déciderez à la fin de ne plus partir de chez nous". Profitant de l'endroit où se trouvait sa tête, il embrassa doucement Lisa dans le creux du cou avant de prendre ses mains et de les embrasser l'une après l'autre. S'écartant ensuite à contrecœur de sa compagne, il inclina légèrement la tête et se dirigea vers son bureau pour y régler les derniers détails du séjour de Lisa, séjour qu'il espérait définitif. Rien à ce moment-là n'aurait pu troubler la joie ni le sentiment de bonheur qui habitait Pygaer. Non rien du tout

La voila seule avec Juliette aprés qu'il s'en fut aller. Franchement intimidée par la cuisinière et pas du tout habituée à donner des ordres à du personnel, elle était bien embêtée et se torturait doucement les mains de nervosité.

Merci Juliette pour tout ce que vous avez préparé , je suis certaine que ce sera parfait. Et merci pour votre accueil. Concernant le bain , je saurais me débrouiller toute seule en effet. Il faudra juste me conduire jusque là bas , car j'ai bien du mal encore à m'orienter dans cette belle demeure... et puis je n'ai pas encore pu visiter cette partie de la maison.

Elle sourit à Juliette et poursuivit

Peut être pouvons nous discuter du diner en marchant jusque là bas ?

Elle suivi ainsi la cuisinière qui se dandinait tranquillement.

Que pensez vous d'un potage aux légumes, une poularde à la broche avec des légumes et pour finir .. je vous avoue n'en avoir aucunes idées ... auriez vous une suggestion ? Elle rit doucement, j'ai tellement mangé au déjeuner , c'était délicieux d'ailleurs! , que j'avoue ne plus savoir quoi manger pour ce soir. Messire Pygaer a beaucoup de chance d'avoir quelqu'un aussi talentueux que vous à son service. Elle disait cela tout naturellement, le pensant réellement. Elle ne savait pas trop si cela se faisait de complimenter ainsi le personnel, mais Juliette était au ptit soin depuis son arrivée alors elle ne voyait pas pourquoi elle ne l'en remercierait pas.

Obéissant avec bonhommie à la demande de la demoiselle, Juliette lui entama le pas, tentant de la suivre ou à tout le moins de ne pas être trop distancée par Dame Lisa

"Mazette, on lui a donné à manger du cheval à c'te gamine" pensa-t-elle en elle même ayant toutes les peines du monde à suivre l'amie de son Pygaer de maître. Le souffle court, les joues rouges de l'effort accompli, elle écouta néanmoins Dame Lisa et attendit sagement que cette dernière termina son discours.

Profitant de l'occasion d'un court arrêt, elle tenta de répondre avant de répliquer

"Ma cht...pardon, Votre cheigneurerie, j'pensions donc vous proposer une choupe de poireau au fromage anglais (elle frissonna de dégoût, n'aimant que les fromages de sa région), pimenté au poivre noir avé du pain frais. En chuite comme plat de réchistanche un ou deux chapons bien dodus, dorés à la broche avé des légumes de chaichon et du maich et pour finir pour ne pas trop gaver l'echetoma, un plat de fruits confis, le tout arroché de vin rosé, si cha vous pas bien chûr"

Prenant un air inspiré, pliant le bras et tendant un index vers le haut, elle poursuivit tel un maitre d'école "Ché vré qu'il fo pas surcharger l'echetoma hein. Je le dis touchours à Thory, ce chac à vin qui n'arrive chamais a remplir cha penche....Et cha manch, et cha manch, che savions pas oùsqu'il mé toussa. Et ch'ai beau li dir, Thorry.... Elle arrêta net son discours, rougissant de confusion, se rendant compte que l'histoire qu'elle racontait à la dame n'avait strictement aucun intérêt pour elle. Se raclant la gorge et s'essuyant les mains sur son tablier, elle poursuivit en répondant par un sourire au compliment que lui avait fait la jeune femme.

Et à nouveau son envie de parler - il faut dire qu'elle avait eu très peu l'occasion de le faire au cours des trois dernières années pendant lesquelles son maitre hésitait entre la vie et la mort - elle se remit à piailler (avec une voix de mésange d'environ 160 livres...) et répondit:[/i]

"Ha, cha Mamz...pardon votre cheigneurerie, votre Grâche, faut dire que le Pyg pardon le Master, il a eu de la chanche qu'on choit là, spa...Ventre saint Gris (triple signe de croix), on a eu peur de le perdre stilal...entre la vie et la mort qu'on nous l'a ramené...fou comme tous les fous de l'achile, Jésus Marie Joseph, qu'ech qu'on a eu peur Thorry et moich...Après la mort de Fleury, cha première femme - pas une perte chelle-là une véritab chorchièr - cha fille Laila - pôv petiote, l'a pas supporté la mort de cha garch de mère, pardon cheigneur (à nouveau trois signes de croix), la dichparition de Maitrecche Ana - z'étaient à peine mariés et elle est partie défendre le Duc de Chavoie, le chour même du mariach...l'abandonnant au pied du lit j'te jur.. - et enfin la dicheparution de Lyrichh, la pôvre gamine qu'il avait adopté et qui est partie chans laicher d'adresse - tout cha, cha vous chavire la raichon, pas vrai Li...pardon Dame Licha?

Autant Juliette savait garder un secret quand elle le voulait, autant elle devenait volubile quand la personne en face d'elle lui plaisait...Et cette gamine lui plaisait vraiment, vu le bonheur qu'elle procurait à son maitre

"Mais che papott, mais che papott et vous voulez chertainement vous rafraichir plutôt que d'entendre une vieille carcahe comme la mienne." Elle prit un rouleau qu'elle avait gardé précautionneusement sous son tablier et le tendit en rougissant à sa nouvelle Maitresse.

"Foilà qui pourra vous aider, Votre Majesté", lui dit-elle, rougissant de plus belle et mélangeant les titres "Ché leu plan du domain...intérieur et extérieur...Vous foyez, la challe de bain en quechtion est au premier étahc, ichi.. posant un doigt boudiné sur l'endroit représentant l'aile privée du domaine.

Ne sachant plus que dire où que faire, elle termina en prenant une grande goulée d'air puis s'adressa une dernière fois à Lisa "Fala, che pench qu'avé cha vous trouverez fachilement. Chi vous foulez, che vous accompagne jusqu'à l'echcalier qui u donne achès. Pyg..pardon le Master, ne permet à perchonne d'y monter chauf..à moich et à la bonne qui vous chervira déchormais...Et encore hein, pas touch le temps, uniquement vous cherez là...Chinon chet endroit est totalement privé

Inclinant - dangereusement - son buste jusqu'au point de rupture, elle parvint miraculeusement à garder son équilibre puis, après s'être relevé en soufflant et en ahanant, elle tendit le bras en direction du domaine tout en invitant Lisa à la suivre... "Décidément, elle me plait ct'e gamine, pourvu Seigneur Dieu qu'elle puisse enfin le rendre heureux et lui de même.. marmonna -t-elle entre ses dents...enfin celles qui lui restaient